L’ouverture croissante de l’ex-Twitter aux messages de haine et aux infox, ainsi que la forte baisse de sa modération, ont conduit des internautes, y compris des personnalités, et des entreprises à abandonner le réseau social d’Elon Musk, en particulier le 20 janvier lors de l’investiture de Donald Trump. La maire de Paris Anne Hidalgo y avait gelé son compte dès novembre 2023, dénonçant un réseau social devenu un «vaste égout mondial» et un «outil de déstabilisation de la démocratie». Son compte, inactif depuis, a 1,5 million d’abonnés. Le 20 janvier, la Ville de Paris a quitté à son tour X, où son compte avait 2,2 millions de followers (côté microblogging, elle est sur Bluesky, avec 7.900 abonnés, mais n’a sur Mastodon qu’un compte « miroir »… de Twitter).
Cesser de contribuer à la rentabilité de X et Meta
La Ville de Paris est toujours présente sur d’autres plateformes, comme celles de Meta. Aussi, un «vœu relatif à la communication de la Ville de Paris sur les réseaux sociaux» qui vient d’être adopté par le Conseil de Paris lors de séance du 11 au 13 février demande-t-il une politique plus volontariste de la Ville.
Adopté sur proposition du groupe Les Écologistes du Conseil, ce vœu (PDF) souligne dans ses motivations «les déclarations de Mark Zuckerberg, dirigeant de Méta, indiquant qu’il abandonne désormais la modération des fausses informations et qu’il suit Elon Musk dans sa vision viriliste, toxique, discriminatoire et réactionnaire», «l’usage impropre des données personnelles et la vulnérabilité des données collectée par les plateformes Twitter /X et Meta», le fait que «ces plateformes dépendent de leurs contributeurs», «la contribution de fait de la Ville de Paris à leur rentabilité», et « une orientation politique désormais assumée à l’extrême droite et des modérations très défavorables aux opinions modérées et progressistes et donc au pluralisme».
La suite des « considérants » du vœu porte sur les moyens d’échapper aux réseaux de Musk et Zuckerberg, en notant «les alternatives existantes pour mieux protéger les libertés individuelles, la qualité et la neutralité du débat public ainsi que la protection des diversités» et «le rôle de la puissance publique pour soutenir les initiatives locales et européennes pour créer des alternatives sociales, contribuant à un écosystème numérique plus souverain et respectueux des valeurs européennes».
Interpellation sur les risques de déstabilisation étrangère
Les signataires émettent donc le vœu que «la Ville de Paris:
Développe des canaux de communication indépendants des plateformes de communication dont les modèles économiques ne garantissent pas la qualité des débats et la protection des usagers tels que celle de l’entreprise Meta;
● Recherche toutes les voies utiles pour soutenir et favoriser l’émergence et la fédération des initiatives éthiques et responsables dans le domaine des réseau sociaux et propose en particulier un serveur Mastodon dont les règles de modération soient décidées par les Parisiennes et les Parisiens;
● Interpelle le Ministère de l’Intérieur pour qu’il présente les actions mise en œuvre afin de réduire les risques de déstabilisation étrangère lors des élections prochaines, à commencer par les Élections Municipales de 2026;
● Interpelle le Parlement Européen pour réglementer sur les réseaux sociaux en général et en particulier l’obligation d’inter opérabilité des plateformes dites de réseaux sociaux, disposition indispensable à la défense des consommateurs de services numériques et des citoyens.»
Parmi les entités qui ont créé leur propre instance sur Mastodon, puisque ce réseau social est décentralisé, on trouve par exemple les institutions de l’Union européenne (2022), le ministère de l’Education nationale (2022), la Suisse (2023), ou encore côté collectivités locales la ville d’Echirolles (Isère).
Le 18 février, un élu écologiste, Thomas Watanabe-Vermorel, a indiqué sur Mastodon être à l’origine de ce vœu, adopté d’abord en conseil d’arrondissement du 10e (dont il est adjoint au maire) et repris ensuite en Conseil de Paris. Cet élu a participé il y a quelques semaines à un débat sur «Quitter X?» sur son podcast (hébergé sur Arte Radio, avec un joli nom, «un homme du commun»). Les échanges y portent notamment sur la nécessité ou non d’abandonner aussi des plateformes comme Facebook et Instagram.
Illustration: la statue de la Liberté sur l’île aux Cygnes et la tour Eiffel (V. Gubina / Wikimedia Commons / CC by-sa)
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