Comment choisir ses objectifs d’appareil photo ?

Comment choisir ses objectifs d’appareil photo ?


Pour un appareil photo donné, il existe des dizaines d’objectifs compatibles. Comme leur fiche technique est très difficile à déchiffrer, c’est un achat délicat. Voici nos conseils pour vous équiper en fonction de vos goûts et de votre pratique photographique, en évitant d’y laisser une fortune.

Quels atouts privilégier ?

Un objectif « lumineux » ?

C’est l’une des principales différences entre les objectifs bas de gamme et ceux des gammes supérieures : leur « ouverture ». Plus cette ouverture est grande, plus ils sont capables de laisser rentrer de lumière, qu’ils guident vers le capteur d’images.

Une grande ouverture est un atout quand la lumière manque : le soir, la nuit, en intérieur. Dans ces conditions difficiles, l’appareil photo est gêné. Afin de « boire » suffisamment de lumière, il doit laisser son capteur ouvert longtemps, ce qui peut générer des images floues, et augmenter sa sensibilité ISO, dégradant la qualité d’image. Plus un objectif est lumineux, moins l’appareil a besoin de ces parades.

Les objectifs « lumineux » ont un deuxième atout d’ordre esthétique. Leur grande ouverture se traduit visuellement par des fonds d’image plus flous, dont la douceur peut séduire. Des flous particulièrement prononcés sur les appareils à grand capteur.

Cette image a été photographiée avec un 50mm très lumineux ouvrant à F1,4. L’arrière plan est doux et  flou. L’image n’est pas envahie par un grain disgracieux qui apparaît lorsqu’on monte haut en sensibilité.

Certains photographes n’y verront cependant pas un atout. Notamment ceux qui apprécient les images nettes en tout point comme celles des smartphones, et qui photographient essentiellement en plein jour (sauf s’ils capturent des animaux, des sportifs ou des danseurs, car beaucoup de lumière étant nécessaire pour figer les mouvements).

D’autant qu’un objectif lumineux peut s’avérer pénible à manier : il faut surveiller continuellement l’endroit où l’appareil fait le point. Par exemple, lorsqu’on photographie deux personnages, l’un peut être net et l’autre pas.

On reconnaît les objectifs lumineux à leur grande ouverture, symbolisée par le premier chiffre qui suit la lettre F dans F4-22, par exemple. Si ce premier chiffre est F1,2 l’objectif est extrêmement lumineux. Si c’est F6, c’est le contraire.

Impossible de figer un danseur lorsqu’on laisse le capteur photo ouvert trop longtemps (ici 1/33e de seconde).
A l’inverse, quand l’objectif reste ouvert un moment très bref (1/400e de seconde), le danseur est bien figé.

Un objectif stabilisé ?

Quand la lumière manque, la stabilisation permet de limiter le nombre de photos floues en compensant les tremblements du photographe. Dans certaines situations limites, elle permet de se passer d’un trépied pour réaliser une photo bien nette.

Le Monde

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Malheureusement, les objectifs stabilisés ne corrigent pas tous les problèmes de flous. Si la personne photographiée bouge franchement, ses mouvements ne sont pas compensés, et elle n’apparaît pas forcément nette.

Les objectifs stabilisés étant coûteux et encombrants, ils ne sont pas une priorité pour tous. Leur bénéfice est anecdotique pour la photo de famille, par exemple. En revanche, ils sont précieux pour photographier des paysages au crépuscule.

Un zoom ?

Très pratique, le zoom permet de se rapprocher d’un sujet en restant planté au même endroit. Certains passionnés s’en passent pourtant couramment. Ils embarquent systématiquement dans leur besace un objectif à « focale fixe » qui pourrait passer pour dépassé. Mais à leurs yeux, le zoom incite à la paresse, tandis qu’un objectif à l’ancienne pousse à bouger, à tourner autour du sujet, aidant finalement à trouver un bon cadrage.

Les objectifs découpent dans le paysage de façon très différente : lorsqu’on réalise un portrait serré, un grand-angle produit un arrière-plan beaucoup plus large qu’un téléobjectif. A trop dépendre d’un zoom, on risque de passer d’une focale à l’autre sans réfléchir, sans noter ces différences.

Lorsqu’on change de focale fixe, ça n’est jamais au hasard, mais après mûre réflexion. Là où zoomer demande une seconde, remplacer ce type d’objectif demande quelques dizaines de secondes. Dernier atout : on trouve des objectifs lumineux à des tarifs particulièrement accessibles.

Un angle de vue large ou serré ?

Les objectifs qui voient très « large », dits « hyper grand angle », prennent des photos de paysage extrêmement immersives. Leur focale oscille entre 12 et 28 mm. Ceux qui voient très « serré », les téléobjectifs, permettent au contraire de capturer, par exemple, un chat à distance. Leur focale oscille entre 70 et 600 mm.

Les kits d’appareils photo intègrent généralement un zoom qui ne voit ni très large, ni très serré. Sa focale démarre à 28 mm, ce qui permet de découper des tranches de paysage modérément larges, et se hisse jusqu’à 70 mm, ce qui ne permet d’immortaliser les chats qu’à quelques mètres de distance.

Attention aux appareils d’entrée de gamme : leurs focales sont trompeuses. Chez Canon par exemple, un reflex doté d’un petit capteur associé à un objectif de 10 mm verra aussi large (110°) qu’un appareil haut de gamme à grand capteur doté d’un objectif 16 mm. Pour pouvoir comparer leurs focales, il faut multiplier celle de l’appareil à petit capteur par 1,5 (Nikon, Sony, Fuji, Pentax) ou par 1,6 (Canon) voire par 2 (Olympus, Panasonic). Cet allongement de la focale rallongera la portée d’un téléobjectif, mais rabotera l’immersivité d’un grand-angle.

Cette photo tirée au 28mm montre une tranche du paysage assez modeste. Elle ne révèle que ce qui est situé dans un angle de 75 degrés devant l’appareil photo. Une photo capturée à l’hyper grand angle 16mm en montrerait 110 ° environ. Elle serait nettement plus immersive.

Photographier de très près ?

Beaucoup d’objectifs voient flou lorsqu’on les approche à moins de 50 cm du sujet. C’est décevant lorsqu’on veut réaliser une photo de fleur ou capturer la pupille d’un enfant. Pour cet usage, les constructeurs vendent des objectifs spécifiques, dits « macro », qu’on peut rapprocher à quelques centimètres du sujet. La marque Laowa en propose une riche gamme.

Avant d’investir, pensez à tester une solution low cost : la bonnette macro. Cet adaptateur facturé une dizaine d’euros se visse sur un objectif ordinaire, grossissant le sujet par un facteur x10. La qualité optique est passable, mais cela peut suffire à capturer de jolies images. Attention à bien faire correspondre le diamètre de la bague à celui de l’objectif.

Une grosse aiguille en verre photographiée de  très près avec un réflex 24x36, grâce à une bonnette macro x10 coûtant moins de 10 euros.

Combien d’objectifs acheter ?

Aucun zoom lumineux n’est capable de couvrir une plage idéale de 12 à 600 mm. C’est la raison pour laquelle beaucoup de professionnels s’équipent de trois objectifs : un 16-35, un 28-70 et un 70-200 par exemple. Plus une ou deux focales fixes très lumineuses.

Cet arsenal ultra-polyvalent, hors de prix, sera rarement utile à un particulier. Pour la photo de famille par exemple, on peut se contenter d’un hyper grand angle 16-35 et d’un 50 mm très lumineux. Ou d’un zoom 24-70 mm. Pour tirer des portraits, un seul objectif peut suffire : un zoom 70-200 par exemple. On peut même se contenter d’une focale fixe : un 50 mm ou un 85 mm par exemple.

Un téléobjectif (ici 200mm) est très utile pour la photo de danse, de sport, d’animaux, ou autres sujets qui évoluent à plus de 10 mètres de l’appareil photo.

Attention à la compatibilité

Tout serait simple si chaque objectif pouvait fonctionner sur n’importe quel appareil. Hélas, il existe des dizaines de standards de fixations d’objectifs, ou « montures », souvent incompatibles les uns avec les autres.

Dans les gammes des grandes marques, plusieurs standards cohabitent. On trouve cinq montures différentes chez Canon (EF-S, EF, EF-M, RF, RF-S), deux chez Sony (type FE ou E), trois chez Nikon (Z, DX, FX), sans compter les anciennes références. Il est souvent impossible de monter un objectif mal choisi sur un boitier donné. Pour ne prendre aucun risque, mieux vaut faire correspondre exactement la monture de l’objectif à celle de l’appareil. Sauf à ruser, car cette règle souffre de deux exceptions, assez complexes.

Les objectifs pour appareils haut de gamme fonctionnent parfois sur des appareils bas de gamme. Par exemple : les objectifs canon EF peuvent être montés sur les appareils EF-S. Mais attention : la focale s’allonge, un 16 mm se transformant par exemple souvent en 24 mm. A l’inverse, les objectifs bas de gamme ne fonctionnent généralement pas sur les appareils haut de gamme.

Deuxième exception à la règle de l’incompatibilité des montures : certains objectifs pour reflex peuvent être montés sur des appareils hybrides via une bague adaptatrice, à placer entre l’appareil et l’objectif. C’est une solution à considérer attentivement car les objectifs pour hybrides sont souvent commercialisés à des tarifs exorbitants. Nous recommandons de tester l’objectif convoité avant de l’acheter, sur votre boîtier, et avec la bague d’adaptation, pour vérifier qu’il ne perd aucune fonction. A minima, renseignez-vous bien sur la compatibilité.

Quelle marque et quelle gamme ?

Faut-il acheter un objectif Sony pour un appareil Sony, Nikon pour un Nikon ? Pas nécessairement : les objectifs de la marque n’offrent pas toujours le meilleur rapport qualité prix. N’hésitez pas à vous intéresser à des constructeurs comme Sigma, Tamron, Tokina, Samyang, etc.

Les objectifs dont les caractéristiques sont alléchantes et les prix étonnamment bas ne cachent pas toujours des défauts rédhibitoires. Tous les photographes n’ont pas nécessairement besoin du meilleur objectif qui soit. Des défauts comme un piqué (la netteté des images) seulement correct ou un vignettage (un halo sombre dans les coins de l’image) apparent peuvent s’avérer très tolérables.

En revanche, mieux vaut éviter les objectifs dont l’autofocus n’est pas performant : ils vous feront rater des photos. Pour vous guider, vous pouvez faire confiance aux tests de magazines comme Réponses Photo ou Chasseurs d’Images.

Quid du marché de l’occasion ? On y trouve de bonnes affaires, mais les objectifs ne vieillissent pas toujours bien. Exigez de pouvoir vérifier attentivement l’état de l’objectif, le fonctionnement de son autofocus, et la netteté des images à grande ouverture.



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