Pour le ministre de la justice Gérald Darmanin, la réponse à l’insécurité passe notamment par la vidéosurveillance et la reconnaissance faciale.
Pour d’autres motifs que l’opportunisme politique, des enseignes de distribution s’intéressent elle aussi à la surveillance vidéo, mais couplée à de l’analyse algorithmique.
Les caméras augmentées pourraient en effet trouver des débouchés dans les rayons des supermarchés, et en particulier au niveau des caisses automatiques. Incontournables, ces caisses ne sont pas infaillibles (erreurs, vols…).
Caisses et gestes sous surveillance
Et si la solution au problème, c’était l’IA ? Certaines enseignes y pensent. Elles “souhaitent déployer des caméras augmentées afin de détecter les erreurs ou tentatives de vol au niveau des caisses automatiques”, explique la Cnil.
Le gendarme des données personnelles en précise le fonctionnement et les règles d’encadrement. Pour opérer, ces caméras sont généralement placées en hauteur. Elles filment la zone de caisse et les gestes du consommateur.
Couplée à de l’analyse d’image, la caméra permet donc en théorie de détecter des “évènements” et ainsi de déclencher une alerte. Aucune décision n’est prise automatiquement par le dispositif, ajoute la Cnil. Et les enseignes ont d’autres devoirs.
Des garanties fortes indispensables
La mention IA ou le qualificatif de caméra augmentée ne suffit pas pour affranchir cet outil technologique de la réglementation. “Ces dispositifs collectent vos données personnelles” et sont par conséquent soumis au RGPD.
En outre, ils peuvent présenter des risques en instaurant “un nouveau mode de surveillance ciblée dans des gestes du quotidien”, juge l’autorité. Pour les réduire ou les encadrer, la Cnil demande la mise en place de “garanties fortes”.
Ses garanties sont, entre autres, une limitation de durée et du périmètre filmé par la caméra. L’information des clients est bien sûr une obligation. C’est un des principes de base du règlement européen.
Les Mousquetaires en pointe sur le déploiement
Le magasin “doit vous en informer de manière claire et visible”. Dans son usage de ces technologies, le commerçant est également tenu d’exclure “toute conséquence automatique pour les clients, à l’exception de l’éventuel blocage de la caisse.”
Enfin, l’automatisation de la surveillance ne prive pas l’individu de l’exercice de ses droits, comme le refus d’utiliser une caisse automatique contrôlée par une caméra augmentée. “Des alternatives doivent être disponibles même les jours où le personnel de vente est réduit et cela ne doit pas créer d’inconvénient pour vous”, écrit la Cnil sur ce point.
Le groupe Les Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricorama) a déjà annoncé vouloir étendre en 2025 le déploiement d’une solution de surveillance algorithmique au sein de ses magasins. Un pilote avait été mené en 2024 dans un magasin en exploitant Vynamic Smart Vision Shrink Reduction de l’éditeur américain Diebold Nixdorf.