Elon Musk veut-il aller trop vite avec son implant cérébral ?

l'implant crânien testé sur humain, c'est pour très bientôt


La société Neuralink vise à créer un implant cérébral qui redonnera des fonctions perdues (ou jamais acquises) à des personnes handicapées. A plus long terme, elle cherche à créer une interface homme-machine qui permettra de gérer directement les immenses flux de données des équipements informatiques.

Comme pour ses autres initiatives, le milliardaire Elon Musk veut aller vite, très vite. Cela doit permettre de surpasser la concurrence avant qu’elle n’ait le temps de réagir et de s’imposer sur un domaine encore peu exploité.

Neuralink a déjà mené des essais sur animaux et la grande question était de savoir quand la firme pourrait passer à des tests sur les humains. Début décembre, Elon Musk a annoncé que les premiers essais cliniques débuteraient dans six mois.

Un grand nombre d’animaux sacrifiés

En coulisse, toutefois, tout ne va pas sans difficultés. Il s’est murmuré que le milliardaire que le milliardaire s’est agacé de la lenteur des résultats et a poussé ses équipes pour aller plus vite.

Cela s’est peut-être fait dans la douleur, celle des salariés mis sous pression et celle des animaux de laboratoire. Une plainte a été déposée pour maltraitance animale et l’agence Reuters indique qu’une investigation fédérale a été lancée à propos des pratiques chez Neuralink.

Divers témoignages parmi les salariés présents et passés suggèrent que cette culture de la vitesse et des résultats rapides a conduit à la multiplication d’actes sur des animaux, et plus que nécessaire.


1500 animaux environ (il n’y a curieusement pas de décompte précis disponible) auraient été ainsi tués lors des expériences de développement d’un implant cérébral depuis 2018, de souris et rats jusqu’à des moutons, cochons et singes.

Le nombre en soi ne signifie pas nécessairement que Neuralink soit sorti des clous dans ses pratiques d’essais sur les animaux mais les témoignages recueillis par Reuters soulignent qu’il y a eu plus de morts animales que requis normalement.

Un certain nombre d’erreurs dans les interventions chirurgicales ont conduit à répéter les expériences plusieurs fois. Ces erreurs ont été dues à la pression mise pour obtenir des résultats et au manque de préparation des équipes, obligées d’aller très vite.

On reconnaît la méthode de management à l’oeuvre dans les autres entreprises de l’homme d’affaires mais dans le cas présent, les progrès de Neuralink mettent en jeu des vies animales sacrifiées en grand nombre.

Trop de chirurgie exploratoire ?

Elon Musk peut toujours mettre en avant le fait que les travaux redonneront des capacités perdues aux personnes handicapées, la méthodologie pour y arriver, en multipliant les essais (et les sacrifices d’animaux) à buts multiples sans prendre le temps d’en tirer des conclusions reste préjudiciable.

Reuters cite le cas d’une expérimentation qui a tué 25 cochons sur un échantillon de 60 du fait d’un implant inadapté et dans un autre cas une erreur sur le placement de du dispositif, implanté sur la mauvaise vertèbre.

Ce type d’erreur, attribué à un manque de préparation initiale pour aller plus vite, est de ceux qui pourrait conduire les régulateurs à sévir contre l’entreprise, avec le risque de reporter encore l’ouverture des essais sur l’homme.

Une autre problématique porte sur le fait que la direction de Neuralink affirme n’utiliser l’expérimentation animale qu’en dernier recours et pour un stade de confirmation des hypothèses quand des documents et témoignages affirment qu’il s’agit beaucoup de chirurgies exploratoires, sans trop savoir si cela va fonctionner.

L’un des problèmes vient peut-être du fait que Neuralink n’a été créée qu’en 2016 et veut des résultats rapides pour des sujets qui demandent généralement de nombreuses années de travaux.

Il est également tiraillé par le succès de Synchron, société lancée également en 2016 et qui a pu démarrer des essais sur l’humain dès 2021 avec un programme d’implant cérébral moins ambitieux que Neuralink. Et selon Reuters, Synchron n’a utilisé que 80 moutons pour ses recherches…





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