Emmanuel Macron, l’atout secret d’Uber dans la guerre des taxis

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Fidèle à son ADN. La plateforme Uber a déclaré dimanche qu’elle ne ferait pas d’excuses pour son « passé ». Une enquête internationale de journalistes vient de rendre public des informations qui montrent que l’entreprise à des pratiques contestables, voire illégales, pour s’imposer.

Si vous êtes un lecteur de ZDNet depuis quelques années, pas grand chose de ce qui est révélé ne vous aura échappé, du scandale Greyball au pistage des clients en passant par des pratiques de cybersécurité contestables et une application du droit du travail cavalière. Reste que cette enquête donne un portrait global effrayant d’une société à la volonté entrepreneuriale prédatrice et destructrice.

« Nous n’avons pas fait et ne ferons pas d’excuses pour des comportements du passé qui ne sont clairement pas alignés avec nos valeurs actuelles » indique Jill Hazelbaker, la vice-présidente chargée des Affaires publiques d’Uber, dans un communiqué. « Nous sommes passés d’une ère de confrontation à une ère de collaboration ».

Quand Travis Kalanick textote Emmanuel Macron

Les données utilisées par les journalistes (le Consortium international des journalistes d’investigation – ICIJ) portent sur la période de 2013 à 2017. Ils sont dénommés les « Uber Files » en références à d’autres scandales rendus publics par la presse via l’obtention de documents internes.

Uber pensait avoir définitivement tourné la page de cette période trouble après avoir débarqué le fondateur de la société, Travis Kalanick, en juin 2017. Rendus publics, ses agissements de cow-boy, envers les chauffeurs, ses équipes, la concurrence et les autorités, lui avaient valu d’être mis à l’écart.

Mais les Uber Files, constitués de messages internes (courriels et SMS), révèlent les liens qui ont uni Emmanuel Macron et la société Uber, et surtout son PDG d’alors. Le président de la République, alors ministre de l’Économie, s’est fortement impliqué dans l’implantation et la consolidation du géant du VTC en France.

« Lobbyiste » chargé de déréguler le droit du travail en faveur de la plateforme

Au point que certains politiques de Gauche qualifient désormais son rôle de « lobbyiste » chargé de déréguler le droit du travail en faveur de la plateforme. Uber « a pu bénéficier de la bienveillance et de l’appui d’Emmanuel Macron lorsqu’il était au ministère de l’Économie » notent les journalistes.

Dès octobre 2014, alors qu’Emmanuel Macron n’est ministre de l’Économie que depuis cinq semaines, des rendez-vous et échanges entre des patrons d’Uber, dont Travis Kalanick et l’homme politiquer, laissent entrevoir une forme de collaboration.

Il s’agit pour Uber de freiner voire empêcher la mise en place concrète de la loi Thévenoud, censée réglementer l’activité des VTC en France, et bannir le service UberPop.

Rédaction d’amendements et startup nation

Au coeur du dispositif se trouve le lobbyiste Mark MacGann, fraîchement recruté. Ce dernier se félicite dans des documents internes tout au long des mois qui suivent de l’oreille attentive de Bercy à l’idée de déréguler le secteur des VTC.

Au point de parvenir à ce que le ministre mette une muselière à la direction de la répression des fraudes, la DGCCRF, qui enquête sur l’entreprise, tout comme aux autorités préfectorales des Bouches-du-Rhône, qui avaient décidé de l’interdiction d’Uber à Marseille en 2015.

Au point surtout de rédiger trois amendements en vue du vote de la loi Macron, censée enterrer la loi Thévenoud, et de les faire porter par un député socialiste de la majorité, Luc Belot, ouvert à l’idée de « disruption positive ».

Au point enfin de faire en sorte que par décret soient supprimés les 250 heures de formation nécessaires pour devenir chauffeur que prévoyaient la loi Thévenoud. Et que la durée de formation pour l’obtention d’une licence soit ramenée à sept heures.

A la lecture de l’enquête une question revient sans cesse. Si l’activité de lobbying d’Uber paraît logique, quel était l’intérêt d’Emmanuel Macron dans cette affaire ? « Cela correspond à ses convictions, c’est la start-up nation » note à ce propos une source de l’enquête.





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