En Europe, une souveraineté numérique à bâtir

En Europe, une souveraineté numérique à bâtir


« Imaginez que vous possédez une parure de diamants que vous mettez à l’abri dans un coffre, dans un pays de votre choix. Si, un jour, ce pays décide que vous ne pouvez plus accéder à votre coffre, vous serez toujours propriétaire de vos diamants, mais vous n’en aurez plus l’usage. C’est ce qui se passe avec nos données lorsque nous les mettons dans le cloud. Elles nous appartiennent toujours, mais nous n’en avons pas la maîtrise », décrit Philippe Latombe, député de Vendée et rapporteur de la mission d’information « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne » à l’Assemblée nationale.

La maîtrise des données est le principal enjeu de la souveraineté, car c’est sur celles-ci que repose désormais notre économie. La réindustrialisation, la relance, la lutte contre le réchauffement climatique ne seront durables que si nous numérisons nos activités. « Et, pour cela, nous avons besoin de maîtriser les données, de pouvoir les traiter et les stocker. Sans cette maîtrise, notre économie est en danger », avertit le député.

La pandémie de Covid-19, les tensions géopolitiques qui s’accentuent entre les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Europe depuis la mandature de Donald Trump, la mise à mal du multilatéralisme et la guerre en Ukraine sont autant de sujets qui ont fait prendre conscience à l’Europe de ses dépendances industrielles et économiques. Et l’ont conduite à se poser cette question : qu’il s’agisse d’autonomie stratégique ou de souveraineté industrielle, dispose-t-elle des atouts et de la puissance qui lui permettraient de conserver ou de reprendre la maîtrise de ses systèmes d’information et de communication, et surtout de ses données, cette matière première de nos activités ? Oui, répondent de nombreux acteurs. Comme le think tank Digital New Deal (DND), qui défend « une troisième voie », celle d’« un numérique humaniste, européen, alternatif aux modèles libertarien américain et autoritaire chinois, qui impose ses valeurs en faisant de la confiance la norme mondiale ».

Aujourd’hui, l’importance de la souveraineté numérique ne fait plus débat. « Les enjeux sont autant économiques que stratégiques et maintenant géopolitiques, mais aussi éthiques et démocratiques, souligne Michel Paulin, directeur général d’OVHcloud, ils sont au moins aussi importants pour notre avenir que les enjeux énergétiques. » Pour preuve, même l’Allemagne parle désormais, par la voix de son chancelier Olaf Scholz, de « souveraineté européenne », allant jusqu’à suggérer l’adoption d’une stratégie « made in Europe 2030 », pour retrouver compétitivité et autonomie.

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