en un mois, plus de cinquante opérations de surveillance aérienne autorisées par les préfets

en un mois, plus de cinquante opérations de surveillance aérienne autorisées par les préfets


A Sautron, près de Nantes, ils étaient quelques centaines à fêter l’anniversaire d’un magasin de motos, dimanche 7 mai, en présence d’un youtubeur très influent dans l’univers de l’automobile : Lucien Cupif, alias « La Boiserie », 3,8 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et propriétaire du magasin. Animations de moto trial, barbecue, petit concert et une multitude de stands pour tout ce qui roule… le tout surveillé par la gendarmerie de Loire-Atlantique, qui a reçu, la veille, de la préfecture, l’autorisation de survoler la fête avec un drone.

Depuis le 19 avril et la parution d’un décret, les préfets peuvent autoriser policiers et gendarmes à faire voler des aéronefs pilotés à distance, notamment pour surveiller des manifestations. Selon un décompte effectué par Le Monde, plus de cinquante autorisations ont depuis été délivrées. Certaines associations protestent contre cet outil de surveillance et plusieurs d’entre elles ont attaqué le décret devant le Conseil d’Etat, qui examine leur demande mardi 16 mai.

Disproportionné, de surveiller un rassemblement de fans de moto avec un drone ? La gendarmerie a justifié sa demande par « des troubles à l’ordre public », notamment un « envahissement de la voie publique » et des « runs sauvages » lors d’un rassemblement de trois cents personnes impliquant La Boiserie, deux ans auparavant. De cet épisode, la presse locale n’a pourtant retenu que de brefs embouteillages et, au sein des équipes du youtubeur, on fait remarquer que leur organisation, l’année dernière, d’un événement ayant rassemblé bien plus de monde n’avait, selon eux, posé aucun problème de sécurité. Contactée, la préfecture de Loire-Atlantique n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde.

Des drones dans la Drôme

La même interrogation agite les manifestants contre des travaux près de Die, dans la Drôme. La communauté de communes projette d’étendre une zone commerciale sur cinq hectares de terres agricoles, essentiellement au profit d’une entreprise locale, filiale du groupe Léa Nature. Tous les dimanches, des habitants se réunissent sur les lieux des futurs travaux pour manifester. Jusqu’ici, la présence de la gendarmerie se résumait à un ou deux véhicules, prenant parfois des photographies. Sans doute suffisant pour une manifestation qui, le 7 mai, a réuni à peine quelques dizaines de personnes. Mais pour la surveiller, la préfecture de la Drôme a tout de même autorisé le décollage, pendant six heures, d’un drone piloté par la gendarmerie.

Vincent Paltera, porte-parole de la Confédération paysanne de la Drôme, l’un des organisateurs du mouvement de protestation, a bien vu passer un tel engin, mais sans savoir qu’il s’agissait de celui de la gendarmerie : « On ne pensait pas qu’ils mettraient des moyens comme ça pour ce genre de lutte. » Selon un participant à la manifestation du 7 mai, l’ambiance s’est tendue ces dernières semaines et les forces de l’ordre semblent plus présentes. La porte de la sous-préfecture a été incendiée en mars, tandis que des tags ont été retrouvés sur ses murs à deux reprises. Le mouvement de protestation, au sein duquel certains ont le sentiment de ne pas être entendus par les autorités, tend à se durcir.

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