Et vous 2021, comment la voyez-vous ?

Et vous 2021, comment la voyez-vous ?


C’est l’époque des prédictions technologiques pour les cabinets d’analystes ou de stratégie, dans un contexte de crise, mais aussi de fin de l’engouement médiatique pour le CES de Las Vegas – devenu virtuel cette année – qui a chuté de 3/4, si on en croit les recherches sur Google. On note d’ailleurs que le début de la baisse de cette fête technologique de la nouvelle année démarre en 2019.

 

Cette année est donc très intéressante sur ce sujet la vision du futur de la technologie en entreprise, car l’incertitude dans laquelle nous nous trouvons, fait que les champions de ces prédictions n’ont pas tous la même vision. Ce n’est donc plus un simple exercice de marketing pour arriver à forger le mot qui retiendra l’attention de l’année, et attirera les missions de conseils, mais une véritable prise de risques et un retour aux fondamentaux. 

Et puis si vous suivez régulièrement GreenSI, vous savez qu’il vaut mieux suivre l’évolution des usages que celle des technologies (Entreprise du futur: arrêtons de parler technologies), et les grandes trajectoires portées par des plateformes. D’ailleurs, 2017 aura été une année charnière en la matière (#TransforNum, back to the future… en 2017) avec de nouvelles trajectoires, notamment dans l’internet des objets industriels, l’intelligence artificielle ou les villes intelligentes qui se sont développées ces 4 dernières années.

Mais sans plus tarder, explorons le futur que nous dévoilent deux oracles de la Tech sélectionnés par GreenSI pour leur vision 2021 et leur complémentarité, après avoir choisi de laisser à votre seul regard trois autres analyses de bon niveau (Deloitte, Bain&Co, Cap Gemini).

Commençons par Accenture et son équipe Fjord, de Design et innovation d’Accenture Interactif, qui nous livre chaque année sa vision.

En 2021 nous entrons en terres inconnues après une année 2020 qui a bouleversé nos acquis et nous devons nous tourner vers la résolution de problèmes comme les populations l’entendent.

Pour Fjord, l’année 2021 redéfinira pas moins que le XXIe siècle et marquera le début de la cartographie de nouveaux territoires. Sept tendances sont mises en avant.

La première reconnait le chamboulement de la vie de nos clients et insiste sur le temps à passer pour les redécouvrir et les comprendre.

Une approche qui suggère de remettre en avant le « design thinking » dans nos projets avant de se lancer tête baissée dans la solution technologique, le fameux « double diamant » (Découvrir, Définir, Développer, Délivrer) qui pour GreenSI, en 2018, permettait déjà de réconcilier digital et SI.

La seconde tendance s’inscrit aussi dans ce double diamant en reconnaissant une frontière de plus en plus mince entre l’innovation et la création, et le créateur et le client.

C’est le territoire de la co-création qui s’ouvre plus largement avec ses corolaires que sont les écosystèmes et la stimulation des capacités d’innovation de chacun à tout moment, remettant en question les postures binaires comme clients-fournisseurs ou interne-externe. GreenSI y voit l’ouverture des plateformes digitales des entreprises (ou des usines dans le monde physique), pas uniquement pour vendre et servir des clients, mais aussi aider les autres à le faire en imaginant de nouveaux modèles économiques pour cela. Amazon l’a déjà exploré en ouvrant sa technologie cloud via AWS ou en ouvrant son portail de commerce électronique à des petites enseignes créant les marketplaces.

La troisième tendance s’intéresse au chamboulement de notre relation au travail, dans l’espace et dans le temps. Elle révolutionne la relation employées-employeurs, renforce le rôle de l’expérience employée et de la culture d’entreprise, pour l’efficacité, la motivation et la  fidélité des personnels. La phase « d’expérimentation » que nous allons quitter, avec les multiples nuances de confinements, préfigurera la future organisation du travail. L’annonce cette semaine d’Uber au Royaume-Uni, de considérer ses 70.000 chauffeurs comme ses employés, montre à quel point les choses peuvent basculer vite, et dans les deux sens.

La quatrième tendance va au-delà de l’omnicanal bien acquis pour réenchanter les interactions. L’IHM, Interface Homme Machine, toujours aussi essentielle depuis les débuts de l’informatique, requestionne le rôle de l’écran, s’ouvre au sans-contact, au geste et à des expériences augmentées, voire immersives. Ici encore, la technologie (RA, 3D, …) n’est pas essentielle devant les usages. La cinquième tendance est l’image de la quatrième dans le miroir des processus et de l’organisation logistique, qui cherchent leur agilité et leur connexion temps réel aux clients. L’impact immédiat pour GreenSI est celui d’un CRM et SCM qui ne font plus qu’un, une tendance forte à intégrer dans l’évolution des ERP et plus globalement des SI.

Les deux dernières, l’empathie et les rituels, des mots qui résonnent déjà dans le vocabulaire de l’agilité et du design, sont à prendre en compte par les marques pour faire évoluer leur message et leur univers, mais sont peut-être moins immédiates pour une stratégie numérique.

Le second oracle que GreenSI est allé consulter, est la vision très orientée système d’information, Gartner. Les trois tendances fortes pour les SI sont le recentrage sur les individus, son ubiquité et sa résilience. Ses tendances générales sont ensuite déclinées dans chaque industrie.

Le point de départ posé par Gartner est l’évolution de la crise COVID-19 dans le Monde. Peu avaient imaginé en 2020 une crise qui durerait plus d’un an. Aujourd’hui on sait qu’elle va durer plusieurs années, le temps que la planète se vaccine et au grès des rebondissements des variants, alors autant l’embarquer dans les modèles opérationnels et mettre ceux qui pilotent le numérique (DSI, CTO, CDO…) en capacité de s’adapter à un monde imprévisible qui réclame de la résilience. 

La première tendance est le développement de l’Internet des comportements, qui en combinant data, IoT, IA, permet de suivre les comportements humains , voire de les influencer quand la santé ou la sécurité est en jeu. Cela va accélérer l’hétérogénéité mondiale des usages qui apparaît. En effet, si on compare le déploiement d’une même application partout dans le Monde, comme celle de la technologie de traçage du Covid des contacts – TousAntiCovid en France – on voit des approches et des résultats différents. Le MIT a d’ailleurs lancé une recherche pour mesurer la façon dont tous les pays gèrent leur application, comment elle est née, son acceptabilité par les populations et les données qui sont collectées. 

Cette tendance nous interpelle donc aussi sur la fragmentation en cours des Internet (voir Achille, et les Internets) et le fait que de nombreux débats en France, n’en sont pas, ailleurs dans le Monde. D’autres, au contraire, débouchent sur des réglementations sur les données privées différentes, qui font peser des risques sur les entreprises et leur SI, en cas de non-conformité. C’est donc l’idée d’une « confidentialité étendue », portée par la troisième tendance de Gartner, qui s’installe progressivement.

La seconde tendance rejoint la vision Fjord, avec la convergence des multiples expériences (clients, utilisateurs, employés, physique, virtuel…) et Gartner essaye de pousser à nouveau le concept de « multi-experience ». La cinquième également, avec des opérations de n’importe où. Les modèles IT un peu trop centralisés, par lesquels juraient encore certains en 2019, ont été balayés par la crise. 

La quatrième tendance est celle d’un cloud distribué, dont on garde la gouvernance globale. Rien de nouveau sur le nuage, si ce n’est de reconnaitre que l’entreprise doit se recentrer sur son cloud privé, sur l’Edge qui émerge (Edge, annexe du Cloud) et basculer dans le cloud public tout ce que d’autres savent mieux faire qu’elle. L’incendie récent d’un datacenter chez OVH nous rappelle cependant que le cloud n’est pas juste un serveur quelque part chez quelqu’un d’autre, mais bien un service résilient souscrit avec un contrat à la hauteur des enjeux de ce qu’on y a mit dessus.

La sixième tendance est certainement la plus importante, celle de la cybersécurité répartie. Comment assurer à l’avenir la résilience des infrastructures et d’une entreprise désormais étendue. À noter que ce concept d’entreprise étendue existe depuis 1998 et le travail de Carl Shapiro et Hal Varian (Information rules : a strategic guide to the network economy)  mais l’explosion du nombre d’attaques et leur sophistication, font que l’avenir de l’entreprise étendue ne passera que par la cybersécurité. Il faut maintenant protéger n’importe quel actif numérique et n’importe quel utilisateur, ce qui renforce la maîtrise des contextes et des identités. L’identité est aussi en lien avec la troisième tendance de la confidentialité étendue, qui arrive vite au consentement, comme l’a traité le dernier billet.

GreenSI adore la septième tendance. La fin des processus métiers statiques et donc la bascule dans un monde agile qui sait itérer, apprendre et changer en permanence sa façon de faire. Si des capacités de calcul et d’apprentissage sont aussi disponibles pour prendre des décisions intelligentes, pourquoi alors suivre bêtement des processus codés depuis une tour d’ivoire ? C’est certainement la question la plus critique que doit se poser le SI, à la fois sur le plan métier (en découpant ces composants élémentaires) et sur le plan des plateformes (en amenant une capacité d’orchestration facilement utilisable et reconfigurable).

En complément, le passage à l’échelle de l’IA est la huitième tendance. Les échecs de ces projets sont nombreux. Ce passage réclame une chaîne sans-couture de la data à l’algorithme en production, certainement dans un de ces composants élémentaires vus précédemment. Au-delà des outils, c’est bien fin des barrières entre les « nobles métiers » de la data science et ceux dans la soute de leur industrialisation et de la production du carburant de qualité, les données néttoyées.

Le développement logiciel a réussi cette transformation avec Devops et l’agilité, la data en est encore très loin.

Enfin, la dernière tendance est peut-être celle qui résume le SI de demain, « l’hyperautomation »

 

Elle questionne les processus de l’entreprise mais aussi cette manie maladive des DSI de parfois toujours mettre un maillon humain (avec un email) ou un formulaire manuel à valider, pour (penser) garder le contrôle. Oui, l’hyper-automatisation veut dire que le contrôle est embarqué dans le code, pas dans l’opérateur. L’objectif est de repenser l’entreprise et son SI pour totalement automatiser les processus, et donc ce pousser plus loin un travail commencé dans les années 1990 avec le « Business process reengineering« , mais avec les moyens de l’ère du digital.

C’est donc plus l’image et les standards du logiciel embarqué que la DSI va devoir adopter. La vision détaillée de Bain&Co est intéressante pour ceux qui ont un outil industriel, en plus de leurs actifs informatiques. Elle est certainement inspirante pour penser l’entreprise et son logiciel embarqué.

La crise a clairement accéléré la reconfiguration des opérations de l’entreprise, et tous les oracles voient en 2021 une année pour poser les bases de modèles plus flexibles et plus résilients, qui sont prévus pour durer, que ce soit dans le multi-expérience ou la capacité à délivrer les services de partout.





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