Etats-Unis : Clearview AI perd de sa superbe suite à un procès retentissant

Reconnaissance faciale : La CNIL tape du poing sur la table et met en demeure Clearview AI


Clearview AI s’en sort bien. La société new-yorkaise spécialisée dans la reconnaissance faciale a en effet conclu ce lundi un accord mettant un terme à l’action judiciaire la plus importante menée à ce jour à son encontre. Au terme de ce règlement historique, l’entreprise – connue pour avoir scrapé des milliards de photos d’utilisateurs de réseaux sociaux afin de se constituer une base de données de recherche de visages destinée à être utilisée par les forces de l’ordre – a accepté de cesser ses ventes aux entreprises privées et aux particuliers aux Etats-Unis.

Si la décision de Clearview AI se révèle aussi drastique, le danger qui planait sur la société ne l’était pas moins. Celle-ci était en effet poursuivie depuis 2020 par les ONG américaines American Civil Liberties Union (ACLU) et Mujeres Latinas en Acción pour des violations présumées d’une loi de l’Illinois sur la confidentialité numérique. Adoptée en 2008, la loi de l’Illinois, connue sous le nom de Biometric Information Privacy Act (BIPA), a jusqu’à présent donné lieu à plusieurs règlements clés en matière de technologie et de protection de la vie privée, dont un règlement de 550 millions de dollars de la part de Facebook concernant son utilisation de la reconnaissance faciale.

Bien que Clearview AI ait accepté de cesser de vendre ses services au gouvernement de l’Illinois et aux services de police locaux pendant cinq ans, l’entreprise continuera de proposer ses services à d’autres organismes fédéraux et d’application de la loi, ainsi qu’à des contractants gouvernementaux en dehors de l’Illinois. « Avant cet accord, Clearview ignorait le fait que les informations biométriques peuvent être utilisées à mauvais escient pour créer des situations dangereuses et des menaces pour leur vie. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas », s’est toutefois réjouie Linda Xóchitl Tortolero, la présidente de l’ONG Mujeres Latinas en Acción, suite à cette décision.

Clearview AI toujours dans le viseur

Car les suites de cette action ne s’arrêtent pas là : Clearview AI devra désormais maintenir un « formulaire de demande de retrait » sur son site web, afin que les résidents de l’Illinois puissent télécharger une photo d’eux-mêmes pour s’assurer que leurs empreintes faciales seront bloquées pour ne pas apparaître dans les résultats de recherche de Clearview. La société devra également verser 50 000 dollars pour la publicité sur internet afin de promouvoir la fonction de demande de retrait. De quoi donner du grain à moudre aux opposants à la reconnaissance faciale ailleurs dans le monde, alors que les membres du Congrès américain presse pour que les autorités fédérales américaines cessent toute utilisation des technologies de Clearview AI.

« Les outils de reconnaissance faciale constituent une menace sérieuse pour les libertés civiles et le droit à la vie privée du public, et le produit de Clearview AI est particulièrement dangereux. Nous vous demandons instamment de mettre immédiatement fin à l’utilisation par le ministère de la technologie de reconnaissance faciale, y compris les outils de Clearview AI. La technologie de Clearview AI pourrait éliminer l’anonymat public aux Etats-Unis », ont écrit ces derniers dans une lettre adressée récemment aux pouvoirs publics américains.

Avant l’issue de ce procès, Clearview avait indiqué que sa base de données – forte de 10 milliards d’images faciales accessibles au public – était la « plus grande base de données connue de ce type dans le monde ». La société se vantait en outre d’être en passe de disposer d’environ 100 milliards d’empreintes faciales d’ici un an, soit suffisamment pour garantir que « presque tout le monde sera identifiable ».

Source : ZDNet.com





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