« généraliser l’utilisation de logiciels libres » a …

Thierry Noisette


Stéphanie Schaer, directrice interministérielle du numérique (photo: numerique.gouv.fr)

Stéphanie Schaer, ingénieure générale des Mines, est depuis septembre 2022 la directrice interministérielle du numérique. La polytechnicienne a été directrice de cabinet d’Elisabeth Borne au ministère du Travail, puis sa conseillère à Matignon, avant d’être nommée à la tête de la Dinum. Dans un entretien il y a quelques jours avec le Conseil national du numérique (CNNum), elle «explique comment les logiciels libres participent à la mise en œuvre des stratégies de la DINUM et reflètent son engagement envers les communs numériques». Elle souligne: «Notre objectif est de généraliser l’utilisation de logiciels libres dans tous les outils utilisés quotidiennement par les agents de l’État.»

« Suite numérique collaborative »

Voici quelques extraits de cette interview, dont la lecture complète est recommandée:

«Cette initiative baptisée la “suite numérique collaborative », est une évolution du “sac à dos numérique de l’agent public” (SNAP) et vise à créer et à promouvoir un ensemble d’outils numériques performants, fondés sur des logiciels libres. Ces produits, dont certains sont d’ores et déjà en service, rassemblent un espace de stockage, une messagerie instantanée (Tchap), des outils de visioconférence (comme le webinaire de l’État), des logiciels d’édition, des outils de calcul, et bien d’autres. Le code ouvert des logiciels nous permet par ailleurs de faire interagir plus facilement les outils entre eux, ce qui répond aux besoins des agents dans leur usage quotidien, par exemple lancer une visioconférence à partir de sa messagerie.»

«Nous accordons une grande attention aux communautés de développeurs derrière ces logiciels, avec lesquelles nous échangeons régulièrement afin de garantir des outils de la plus haute qualité. Nous collaborerons également avec d’autres pays, notamment l’Allemagne qui partage la même vision pour offrir à leurs agents publics un environnement numérique de travail souverain. Nous avons déjà opté pour la même messagerie instantanée et il est possible que nous fassions des choix similaires pour d’autres composants de cette suite.»

«Notre défi est enfin de changer les habitudes des agents pour qu’ils adoptent ces nouveaux outils, facilitant notamment les usages collaboratifs. Tchap en est l’exemple: une messagerie instantanée professionnelle pour agents publics, fondée sur le protocole ouvert Matrix, gérée par la DINUM et hébergée par le ministère de l’Intérieur. Face à l’utilisation massive des messageries commerciales dans les milieux personnels et professionnels, faire adopter Tchap est un véritable défi.»

Dialogue avec l’écosystème open source

«En choisissant de fonder les outils numériques utilisés par l’État sur des briques logicielles libres, la DINUM devient en quelque sorte un membre actif de ces communautés qui maintiennent et développent ces codes, participant ainsi à leur durabilité. C’est pour cette raison que la mission logiciels libres conduite par Bastien Guerry, en plus de diffuser cette culture du libre en interministériel, est en charge d’animer le conseil logiciels libres, une instance de dialogue entre les administrations et les acteurs de l’écosystème open source: nous voulons que notre stratégie profite à l’ensemble des parties impliquées.»

La suite de l’interview porte sur les communs numériques. La cheffe de la Dinum donne en exemple «le site démarches-simplifiées.fr qui a récemment franchi le cap des 10 millions de dossiers échangés. Ce site est un commun essentiel dans le fonctionnement de l’État.»

«Notre engagement envers les communs numériques s’incarne également par l’Accélérateur d’initiatives citoyennes. Des communs initiés par des individus ou des collectifs deviennent indispensables pour conduire certaines politiques publiques. Par exemple, Open Food Facts, une base de données alimentaires ouverte, est devenue un pilier indispensable pour l’État dans la mise en place de politiques de santé publique telles que le Nutri-score, et bientôt l’affichage environnemental. Articuler les politiques publiques avec ces ressources ouvertes existantes représente un gain de temps et d’énergie considérable. L’accélérateur vise à repérer ces initiatives et à leur proposer un soutien financier et un accompagnement à 360°.»

«En fin de compte, les logiciels libres et bases de données ouvertes que nous utilisons constituent pour nous des communs numériques auxquels nous contribuons et qui servent l’ensemble des ministères. Cette approche évite la duplication des efforts pour satisfaire les mêmes besoins, favorisant ainsi une meilleure cohésion et une meilleure collaboration entre les différentes entités.»

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