Pour répondre à des cas d’usage exigeants dans l’usine du futur ou la télémédecine, les opérateurs doivent impérativement faire évoluer leur cœur de réseau. Aujourd’hui, celui-ci repose essentiellement sur des boîtiers matériels fournis par Nokia, Ericsson ou Huawei. Pour réduire leur dépendance à ces équipementiers, mais aussi faire abstraction de l’infrastructure sous-jacente, les opérateurs ont commencé par virtualiser cette couche matérielle.
A l’œuvre depuis quelques années, la virtualisation des fonctions réseaux (NFV) permet d’assurer une « programmabilité » de ce cœur de réseau en exécutant des fonctions logicielles sans avoir à intervenir sur les équipements hardware. La prochaine étape passe par la « cloudification ».
Déploiement de réseaux à la volée
Avec le cloud, un opérateur peut déployer des réseaux à la volée pour desservir de nouvelles régions ou de nouveaux clients. Inversement, cette mise à l’échelle automatique permet de décommissionner dynamiquement les réseaux inactifs. L’opérateur réduit ainsi sa consommation d’énergie et donc son empreinte carbone.
L’architecture en microservices, propre au cloud native, permet de développer plus rapidement de nouveaux services, réduisant le délai de leur mise sur le marché. Les interfaces de programmation d’applications (API) permettent elles d’intégrer des fonctionnalités proposées par des tiers, partenaires ou développeurs.
Le cloud native ouvre par ailleurs la voie à l’intelligence artificielle et à tous ses apports en termes de prédiction et d’optimisation. Enfin, sur le plan comptable, le cloud transforme des dépenses d’investissement (CapEx) en dépenses d’exploitation (OpEx).
Un impératif pour passer à la 5G standalone
Ce passage au cloud est de toute façon impératif pour passer à la 5G standalone (SA). Cette 5G « pure », sans cohabitation avec la 4G dans le cœur du réseau, concrétisera véritablement les performances techniques, en termes de débit et de latence, promises par la nouvelle norme de téléphonie mobile.
Pour les entreprises, la 5G SA apportera la technologie du network slicing. Soit la capacité de « découper » virtuellement un réseau en tranches et de garantir ainsi une qualité de service de bout en bout pour des cas d’usage à très fortes exigences comme des processus industriels critiques.
Ce contexte devrait accélérer la montée dans le cloud des opérateurs. Dans une étude, Capgemini Research Institute prévoit que la moitié de la capacité des réseaux mondiaux (46 %) sera entièrement cloud native dans les cinq prochaines années, contre 31 % actuellement, soit une croissance moyenne annuelle de 8 %.
Un ROI rapidement atteint
Pour cela, un opérateur devra investir 206 millions de dollars par an en moyenne, soit plus d’un milliard à horizon cinq ans. Pour arriver à ces chiffres, l’étude a pris pour hypothèse de travail un opérateur réalisant 21 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel.
Selon Capgemini Research Institute, le ROI sera rapidement atteint. Le cabinet d’études table sur des économies de l’ordre de 260 à 380 millions de dollars par an, et de 110 à 210 millions de dollars de revenus supplémentaires apportés par les nouveaux services. La transformation cloud réduira également les émissions de gaz à effet de serre (GES) des opérateurs de 5 % au cours des trois à cinq prochaines années.
Si le cloud privé est bien sûr le modèle de déploiement cloud privilégié pour des raisons évidentes de sécurité et de confidentialité, les hyperscalers américains se sont positionnés sur ce marché porteur.
L’étude relate trois retours d’expériences significatifs. Quatrième plus grand opérateur de réseau mobile aux Etats-Unis, Dish a annoncé avoir choisi AWS pour héberger son cœur réseau. AT&T déplacera lui son réseau mobile 5G vers le cloud de Microsoft.
Enfin, l’opérateur espagnol O2 Telefónica a annoncé qu’il travaillait avec Google Cloud et Ericsson pour faire migrer son réseau 5G en Allemagne dans le cloud. Cela concerne environ 47 millions d’abonnés mobiles outre-Rhin.
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