La reine américaine du journalisme tech fait leur fête aux Gafam

La reine américaine du journalisme tech fait leur fête aux Gafam


Avec son mètre cinquante-sept et ses lunettes d’aviateur, Kara Swisher est la journaliste la plus redoutée de la tech aux Etats-Unis. Pendant des années, elle a réussi à faire parler les magnats de la Silicon Valley alors qu’ils n’ignoraient rien de son esprit mordant, de son goût du scoop et de ses critiques abrasives. « Les gens intelligents aiment les interviews intelligentes », nous dit-elle par Zoom. Mais, aujourd’hui, la tech ne l’amuse plus. Trop de concentration dans les mains d’un petit nombre qui n’a de comptes à rendre à personne : l’argent a produit son effet habituel de corruption, estime-t-elle.

Dans son nouveau livre, sorti le 27 février (Simon and Schuster), la chroniqueuse de 61 ans ne craint pas de brûler ce qu’elle a aimé. Le titre, Burn Book, est une référence à la pratique des adolescentes américaines, illustrée dans le film Lolita malgré moi (Mark Waters, 2004), d’inscrire dans un livre ce qu’elles pensent vraiment de leurs camarades. Le sous-titre parle de « tech love story », mais la désillusion perce dès la première ligne : « Finalement, il s’agissait juste de capitalisme. »

La star du tech-journalisme ne reproche pas aux magnats de la Silicon Valley d’avoir gagné des milliards, mais d’avoir prétendu vouloir améliorer le sort de l’espèce humaine. Au bout du compte, ils ont construit des multinationales sans foi ni loi qui se soucient peu des conséquences sociales de leurs inventions. Comme des éternels ados plongés dans leurs jeux vidéo, et chacun se prend « pour le joueur numéro 1 ».

« Ils ne mentent pas seulement à la presse mais à eux-mêmes », écrit-elle. Mais nul ne peut mentir longtemps à Kara Swisher. Lorsqu’elle était petite, sa mère l’appelait « Tempesta », en raison de sa propension à la confrontation. Un dimanche matin, son univers s’est écroulé quand son père, chef anesthésiste au Brooklyn Jewish Hospital (New York), ne s’est pas réveillé. Elle n’avait que 5 ans. Elle y pense encore tous les jours, mais, sous son armure, elle n’a « jamais cessé d’avancer ».

Tentée par la CIA

Sa carrière a commencé au journal étudiant de l’université Georgetown, à Washington. Elle était tentée par la CIA, mais les homosexuels n’y étaient pas les bienvenus. Après un diplôme à la Columbia School of Journalism, elle a fait ses classes à Washington aux côtés de la vedette d’un show conservateur de l’époque, John McLaughlin, un malotru qu’elle a prestement rabroué et dénoncé.

« La plupart des gens dans cette ville vous poignardent dans le dos. Kara m’a poignardé par-devant », a-t-il plus tard remarqué. La journaliste a placé l’appréciation en exergue de son livre, avec un commentaire d’Elon Musk datant de mai 2023, presque une médaille : « Kara est devenue tellement stridente que seuls les chiens peuvent l’entendre »…

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