« Le cas coréen nous apprend beaucoup sur ce à quoi pourrait ressembler l’“Homo numericus” »

« Le cas coréen nous apprend beaucoup sur ce à quoi pourrait ressembler l’“Homo numericus” »


Chronique. La Corée du Sud est le pays où le taux de pénétration des smartphones est le plus élevé au monde pour l’ensemble de la population (95 % des Coréens âgés de plus de 18 ans en possédaient un en 2019), mais aussi pour les élèves des écoles élémentaires, des collèges et des lycées en particulier. Cela n’est pas sans conséquence sur les capacités cognitives de jeunes Coréens.

Sunyoung Han, chercheuse en sciences de l’éducation, a mesuré l’impact de l’utilisation précoce et de la diversité d’usage des smartphones (éducation ou loisir) sur la capacité d’apprentissage autonome et sur les résultats scolaires (« Impact of smartphones on students : How age at first use and duration of usage affect learning and academic progress », « Technology in Society » n° 70, 2022).

Jusqu’à cette étude, les recherches empiriques sur ces questions étaient peu conclusives. Elles ont prouvé, d’une part, que l’usage éducatif des smartphones augmente la motivation des étudiants et leur capacité à communiquer, ce qui a un effet positif sur les processus et les performances d’apprentissage. Mais elles ont aussi identifié, d’autre part, des effets négatifs sur le corps et l’esprit en raison de comportements addictifs.

Seuil critique, l’école élémentaire

Cet article prend en revanche en compte de façon très précise les effets sur l’apprentissage et les résultats scolaires, en mobilisant les données d’une enquête longitudinale menée à Séoul en 2018 sur le comportement de presque trois mille jeunes nés en 2000, dont presque les deux tiers avaient déjà utilisé un smartphone au moment de l’enquête.

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Cette base de données comprend des informations sur l’âge de la première utilisation, la durée quotidienne, la motivation principale (éducation, loisir), mais aussi sur les capacités d’apprentissage et sur les résultats académiques.

Les résultats sont certes marqués par des spécificités coréennes (niveau élevé de numérisation, part de marché des smartphones, temps très important consacré à l’éducation et caractère très concurrentiel de celle-ci), mais ont cependant une valeur générale.

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Tout d’abord, l’âge du premier usage affecte le temps quotidien passé ultérieurement avec son téléphone et provoque des formes de dépendance. Le seuil critique se situe au niveau de l’école élémentaire. Une première utilisation à partir du collège n’a pas en revanche d’effets négatifs significatifs.

Loisir ou éducation

Ensuite, l’impact diffère selon qu’on utilise le smartphone pour le loisir ou l’éducation. Dans le premier cas, cet usage augmente le risque d’addiction et réduit la capacité d’apprentissage autonome, ce qui n’est pas vrai dans le second cas – pour peu qu’on puisse précisément distinguer les deux.

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