Le supercalculateur du CNRS, un magnifique projet… et des dégâts collatéraux

Le supercalculateur du CNRS, un magnifique projet… et des dégâts collatéraux


Ce devait être la première étape d’une concrétisation enthousiasmante pour la communauté scientifique, mais un vent de panique souffle depuis lundi 5 février sur les laboratoires français de climatologie. Pour augmenter encore la puissance du supercalculateur Jean-Zay du CNRS, il a fallu en débrancher une partie. Ce chantier, censé prendre fin au début de juin 2024, a été lancé dans des délais extrêmement resserrés. De quoi provoquer quelques dégâts collatéraux, les équipes de chercheurs n’ayant été prévenues qu’à la mi-janvier.

Exemple, ce doctorant qui travaille sur la concentration en oxygène dans l’océan Pacifique tropical dans un laboratoire de l’Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL), à Guyancourt (Yvelines), se retrouve coincé. En dernière année de thèse, ses délais vont déraper, le temps d’organiser la migration de ses calculs vers une autre machine. Julie Deshayes, directrice de recherche du CNRS à l’IPSL, chargée de la modélisation du climat, fait part de « la sidération et [du] désarroi de nombreuses équipes ».

Elle cite le cas d’une autre thésarde qui planche sur l’ajustement des paramètres du modèle d’atmosphère. « Des calculs très gourmands qui, précise-t-elle, ne tournaient que sur les processeurs qui sont arrêtés. On va devoir lui associer un ingénieur informaticien, mais le temps de migration des applications, c’est environ trois mois. » « Toute la communauté scientifique qui travaille sur les modèles du climat, qui alimentent notamment les prévisions du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat], a été prise de court par cette opération qui rend caduc le travail de planification à long terme en cours », s’indigne la chercheuse.

L’IA n’attend pas

De quoi s’agit-il ? De l’augmentation de capacité du supercalculateur Jean-Zay, une des trois infrastructures nationales pour le calcul scientifique de haute performance. Opérée par l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris), cette machine installée sur le campus de l’université Paris-Saclay, à Orsay (Essonne), affiche 36,8 pétaflops, soit quasi 37 millions de milliards d’opérations par seconde. Elle va pulvériser les records (français), d’ici à l’été, grâce à un investissement de 40 millions d’euros, « soit, à peu près, ce qui a été mis depuis le début de ce supercalculateur en 2019 », se félicite Philippe Lavocat, président-directeur général du Grand Equipement national de calcul intensif (Genci), l’opérateur public chargé de mettre en œuvre la stratégie nationale en la matière.

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