« L’échec colossal » d’Alexa, l’assistant vocal d’Amazon

« L’échec colossal » d’Alexa, l’assistant vocal d’Amazon


D’après une enquête d’Insider, la division « hardware » du géant du commerce en ligne est sur le point de connaître cette année une perte sèche de 10 milliards de dollars. En cause, les appareils Echo et son assistant Alexa, que l’entreprise n’est jamais parvenue à monétiser.

Alexa fait grise mine. Une longue enquête d’Insider, qui a pu s’entretenir avec une douzaine d’anciens et actuels employés d’Amazon, lève le voile sur l’échec cuisant du célèbre assistant vocal et des appareils Echo qui l’animent. Ce n’est certes qu’une demi-surprise : la vague de licenciements qui frappe actuellement la firme a avant tout touché la division « appareils et services », qui s’occupe notamment d’Alexa et d’Echo. Mais l’article révèle l’ampleur de la débâcle, aussi bien financière que technique, résumée sans filtre par un ancien employé : « Alexa est un échec colossal de l’imagination, une opportunité gâchée. » Un fiasco qui coûte cher, très cher. La division « appareils et services » devrait cette année enregistrer des pertes gigantesques de 10 milliards de dollars !

Le bébé de Jeff Bezos

Il y a tout juste huit ans, Amazon lance aux États-Unis le premier Echo, une enceinte connectée qui a un petit truc en plus : Alexa. Il suffit de l’interpeler pour lancer de la musique, obtenir la météo, écouter un podcast, allumer une ampoule connectée, etc. C’est, à l’époque, un peu magique. Seul Apple, avec Siri, commercialise une technologie similaire.

Pas très chère (99 dollars pour les abonnés Prime) et innovante, la première version de l’enceinte Echo fait un carton immédiat aux États-Unis. Amazon n’a, depuis, cessé de multiplier les appareils Alexa, notamment avec les produits de la gamme Echo Show, qui intègrent aussi un écran. Il faut dire qu’Alexa était le projet chéri par le grand patron Jeff Bezos, convaincu que l’avenir de l’informatique passerait par la voix. Il va ainsi très vite faire exploser les effectifs des équipes en charge de son bébé. En 2019, 10 000 personnes travaillaient sur Alexa !

Oui, mais voilà : après une première période d’euphorie devant ce marché naissant et ces palettes d’enceintes écoulées, Amazon déchante vite. Il y a d’abord ces polémiques sur la confidentialité des données vocales, enregistrées et conservées par la firme. Et il y a surtout « l’engagement » des clients, qui n’est pas vraiment au rendez-vous. Comme l’évoque Insider, en 2018, Alexa est certes invoquée un milliard de fois chaque semaine par l’ensemble des utilisateurs d’Echo. Mais la majorité de leurs commandes vocales sont d’une triste banalité (« allume la lumière », « donne-moi la météo », « ajoute un timer… »). Et ne rapportent par ailleurs pas un centime à la firme.

Un pari raté

On est loin, très loin du pari initial, qui était d’envahir les foyers avec des enceintes à prix réduit pour ensuite les rentabiliser lors de leur utilisation. Notamment en offrant la possibilité d’acheter des produits sur Amazon par commande vocale, un usage qui n’a jamais pris. Voilà pourquoi, même si les appareils Echo figurent toujours parmi les meilleures ventes de produits high-tech sur Amazon, ils ne rapportent pas grand-chose à leur concepteur : ils sont pour la plupart vendus à prix coûtant.

Amazon a bien tenté de multiplier les sources de revenus en lançant les skills, en 2019, un App Store accessible aux développeurs tiers, avec un modèle classique de partage des revenus générés. Insider rappelle que des entreprises comme Uber ou Domino’s Pizza se sont ainsi rapidement convertis à la commande vocale, espérant que des clients utiliseraient la voix pour commander une course ou une quatre fromages. Mais là encore, cela n’a pas séduit les utilisateurs d’Echo. Il existe aujourd’hui des milliers de skills disponibles sur Alexa, mais l’immense majorité d’entre eux sont d’une utilité plus que relative… et gratuits.

La fin d’une époque

D’après les employés d’Amazon interrogés par Insider, la firme a désormais du mal à trouver une direction pour combler le gouffre financier que représente Alexa. Faut-il changer de stratégie et s’orienter vers des produits plus chers, pour faire davantage de marge ? C’est apparemment une piste, avec le lancement récent d’Echo Show haut de gamme, notamment un appareil à bras robotisé. Et même d’Astro, un très onéreux robot qui semble toutefois frappé de nombreux soucis techniques. Mais dans le même temps, la firme vient de lancer une nouvelle génération d’appareils Echo aux prix dérisoires. « Il n’y a pas de directive claire pour les appareils. Qu’essayons-nous de faire ? D’être les meilleurs ? D’être les moins chers ? » dit un employé à Insider. Des questions pour l’instant sans réponse claire, surtout depuis les départs concomitants du patron de la R&D pour le matériel, Gregg Zehr, et de Tom Taylor, vice-président d’Alexa, il y a quelques semaines.

L’échec d’Alexa n’est pas seulement celui d’Amazon. C’est aussi celui d’une certaine vision de l’avenir, née au début des années 2010, qui consistait à penser que la voix allait devenir une interface naturelle pour discuter avec les ordinateurs. Rien n’est moins vrai aujourd’hui. Microsoft a abandonné ses ambitions pour Cortana, son assistant vocal maison. Et si Google et Apple travaillent encore sur leurs propres solutions (Assistant et Siri), ils ont tous deux mis leurs priorités ailleurs. Google s’est contenté de mises à jour discrètes pour Assistant et sa gamme Nest Hub. Quant à Apple, il n’améliore Siri qu’à la marge. Les assistants vocaux en passe d’être ringards ?

Source :

Insider



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