Les juristes de Harvard aussi piratent des œuvres et pensent que c’est bien

Les juristes de Harvard aussi piratent des œuvres et pensent que c’est bien


Interrogés par des chercheurs, les étudiants en droit de la célèbre université américaine ne considèrent pas le piratage comme du vol et pensent même que cela se justifie dans certains cas.

Le piratage d’œuvres numériques, on le sait, est un phénomène de masse. Nous connaissons tous, dans notre entourage, des adeptes de cette pratique illégale. Ce qui est plus surprenant, c’est que les élites juridiques s’y adonnent aussi, et sans aucun scrupule moral. Au contraire, elles estiment même que cette pratique peut se justifier dans certains cas. C’est en effet ce qui ressort d’une récente étude citée par TorrentFreak et réalisée par les chercheurs Dariusz Jemielniak et Malgorzata Ciesielska.

Ces derniers ont étudié en profondeur les comportements et les raisonnements des étudiants en master de droit de la prestigieuse université Harvard Law School. Il s’agit là de personnes hautement qualifiées aux origines géographiques et professionnelles diverses. Chaque année, l’établissement forme 180 juristes issus de 70 pays. Les chercheurs ont observé leurs messages sur Facebook et ont interviewé une cinquantaine parmi eux, afin de connaître leur avis et leurs usages en matière de piratage.

Seule une petite minorité respecte la loi

Résultat : non seulement ces experts en droit piratent comme les autres, mais en plus ils ne considèrent pas le piratage comme du vol. Seules trois personnes ont rejeté de manière catégorique ce type de consommation. « Notre étude révèle que les professionnels du droit, avec des normes d’éthique professionnelle élevées et des attentes envers un comportement respectueux de la loi, une compréhension du droit très supérieure à la moyenne et un statut socio-économique supérieur à la moyenne, n’assimilent pas le piratage numérique au vol physique et sont généralement très tolérants ou même en faveur de celui-ci », écrivent les chercheurs.

Alors que ces personnes ne violeraient jamais la loi en temps normal, elles font en majorité une exception quant il s’agit de la contrefaçon d’œuvres numériques. Elles savent évidemment que c’est illégal, mais ne le perçoivent pas comme tel, en raison du haut niveau d’acceptation dans la société. Ainsi, ces juristes n’ont aucun problème à discuter avec leurs clients des récentes séries qu’ils ont téléchargées. Même ceux qui respectent scrupuleusement la loi ne dénonceraient jamais quelqu’un qui consommerait des contrefaçons numériques. « Si j’appelais la police quand quelqu’un regarde des films piratés, je n’aurais pas d’amis », souligne l’une des personnes interrogées.

Une tolérance qui a ses limites

Ces juristes estiment par ailleurs que le piratage ou l’utilisation de VPN se justifient si l’œuvre n’est pas accessible autrement, ou s’ils estiment qu’il y a un abus dans la tarification. « Deux cents dollars [pour un manuel scolaire], c’est absolument fou. S’il y avait la possibilité d’acheter une version pirate, je le ferais », témoigne l’un des juristes. En revanche, cette tolérance ne s’applique bizarrement pas aux logiciels, où le piratage est perçu comme inacceptable par ces juristes, surtout si ce logiciel est utilisé à titre commercial. Bref, pas facile d’y voir une véritable logique dans tout ça. Mais cela suggère, en tous les cas, que le modèle économique défendu par les ayants droit n’est pas adapté aux attentes et aux aspirations des internautes.

Source :

TorrentFreak



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