Quand Splatoon arrive sur les étals en 2015, Nintendo fait souffler un vent de fraîcheur sur le jeu de tir en ligne. Comme pour la course et Super Mario Kart, l’éditeur parvient à apposer sa griffe sur un genre pourtant très codifié en le rendant coloré, espiègle et accueillant. Sorti sur une Wii U aux ventes rachitiques, une occasion de se refaire lui sera octroyée avec Splatoon 2, en 2017, sur une Switch bien plus populaire. La critique pointe alors l’absence de vraie nouveauté, mais comprend également la légitimité de vouloir redonner sa chance commerciale à une telle proposition. Cinq ans plus tard, Splatoon 3, dont la sortie est prévue le 9 septembre, n’a plus l’excuse de la plate-forme pour justifier un contenu trop similaire.
Viser encre les deux yeux
Dans Splatoon 3, le joueur se glisse encore une fois dans la peau d’une créature mi-humaine mi-céphalopode, parmi un choix de poulpes et calmars. Il aura alors l’occasion de participer à des matchs où deux équipes de quatre joueurs chercheront à recouvrir un maximum de territoire avec leur couleur en projetant de l’encre à tout-va. L’arsenal va du pistolet à eau aux pinceaux disproportionnés, en passant par des seaux et, désormais, des arcs et des katanas dégoulinants de peinture.
S’il demeure primordial de neutraliser ses adversaires, les maladroits pourront quand même donner un coup de main en évitant le combat et en repeignant partout où c’est possible. C’est la force de Splatoon : même quand on rate sa cible, le tir n’est pas complètement inutile. Pour les déplacements, à l’instar des précédents opus, il est possible de nager rapidement dans le sol et les murs de sa propre couleur, mais aussi d’exécuter de belles attaques surprises, bien dissimulé dans une flaque de peinture.
Des nouveautés qui ne pèsent palourdes
Inutile de tourner autour du pot : Splatoon 3 ne marque pas une rupture. Dans les faits, le jeu offre un contenu relativement similaire à ce que proposait son prédécesseur. Outre les nouvelles arènes et pouvoirs, le sympathique mode coopératif à quatre joueurs, « Salmon Run », fait son retour. La campagne solo se voit renouvelée et s’inspire à bon escient du formidable contenu additionnel Splatoon 2 : Octo Expansion de 2018. Avec ses missions courtes aux contraintes imaginatives – comme traverser un parcours d’obstacles avec une arme imposée ou utiliser une quantité limitée d’encre –, il représente toujours un bon moyen d’aiguiser ses réflexes avant de se frotter à la frénésie des joutes en ligne.
Les habitués relèveront sans nul doute des différences, notamment dans la palette améliorée de mouvements, bien loin cependant des nouveautés que l’on pourrait attendre d’un épisode numéroté. Néanmoins, s’arrêter à ce diagnostic serait injuste. Pendant deux ans, Splatoon 2 a connu de nombreuses mises à jour gratuites qui ont sans cesse enrichi l’expérience en ligne : un mode de jeu ajouté par-ci, des niveaux retravaillés par-là, sans parler des nouvelles ligues et armes inédites. Or Splatoon 3 hérite de cet affinage et permet des sessions réellement plaisantes. Il va même plus loin : on patiente dorénavant dans une salle d’entraînement (contre un bête menu auparavant), les déconnexions de début de match renvoient immédiatement les participants aux vestiaires (scénario préférable à une partie entière perdue d’avance) et, surtout, les rencontres s’enchaînent désormais extrêmement rapidement, ce qui ne laisse pas le temps de s’apitoyer sur une défaite. Splatoon n’a pas cessé de s’améliorer et ce troisième épisode compte bien nous le prouver.
D’aucuns ne manqueront pas de reprocher à Nintendo de faire repasser à la caisse pour obtenir sensiblement le même jeu. Ce système traditionnel de rémunération qui consiste en l’achat ponctuel d’une nouvelle version semble toutefois bien moins pernicieux que d’autres, pourtant bien acceptés, y compris quand ils visent les plus jeunes, à base de microtransactions et de « loot boxes », des pochettes-surprises virtuelles, que certains organismes et pays apparentent à des jeux d’argent. Et il y a fort à parier que ce Splatoon 3 bénéficiera du même régime de multiples mises à jour gratuites que son prédécesseur.
En créditant également une réalisation irréprochable, une direction artistique assez unique en son genre (grâce à la rencontre détonante du street art, de la pop culture et du Japon moderne), des musiques incroyablement inventives de diversité et gorgées de peps, ainsi qu’une bonne humeur permanente, il devient compliqué de ne pas recommander, encore une fois, ce petit bonbon multijoueur sans pareil.
L’avis de Pixels :
On a aimé :
- l’identité visuelle toujours aussi unique et les musiques toujours formidables ;
- l’expérience en ligne qui n’a jamais été aussi fluide ;
- la campagne solo qui a parfaitement raison de s’inspirer d’Octo Expansion.
On a moins aimé :
- l’absence d’une vraie nouveauté qui justifierait sans hésitation l’achat.
C’est plutôt pour vous, si :
- vous cherchez des alternatives moins violentes aux jeux de tir multijoueurs ;
- vous voulez prolonger l’ambiance estivale à grands coups de pistolets à eau.
Ce n’est plutôt pas pour vous, si :
- vous n’aimez pas les fruits de mer ;
- votre ego ne supporte pas de se faire humilier en ligne par des enfants de 10 ans qui jouent manifestement mieux que vous.
La note de Pixels :
Six tentacules sur huit 🐙