Requiem », une histoire d’amour fraternelle au temps de la Peste noire

Requiem », une histoire d’amour fraternelle au temps de la Peste noire


Dans le jeu A Plague Tale : Innocence, sorti en 2019, le studio bordelais Asobo racontait l’histoire d’un frère et d’une sœur, Hugo et Amicia de Rune, contraints de survivre face à la Peste noire et aux soldats de l’Inquisition fraîchement débarqués sur leurs terres. Savant mélange d’infiltration et d’énigmes, le jeu avait marqué notamment par sa manière de mettre en scène la fuite en avant de ces deux enfants, dont la relation transcendait systématiquement les horreurs auxquelles ils faisaient face – la peste, symbolisée par des hordes de rats, mais aussi la cruauté des hommes prêts à tout pour mettre la main sur Hugo, porteur d’une mystérieuse maladie nommée macula.

Quelques mois après les événements du premier épisode, Amicia et Hugo ont quitté la Guyenne pour la Provence. Une première occasion pour les joueurs de constater que les développeurs d’Asobo apportent toujours le même soin à leurs environnements : des brins de lavande qui ploient sous l’effet du vent aux pétales de coquelicot qui virevoltent dans les rêves d’Hugo, en passant par les vagues qui viennent s’écraser contre les récifs de l’île de La Cuna, où se déroule la deuxième moitié de l’aventure, le jeu émerveille sans cesse par la richesse et le détail de ses paysages, tantôt inspirés des peintures ensoleillées d’Hubert Robert, tantôt des tableaux surréalistes de Zdzislaw Beksinski.

Dans ce deuxième épisode, un soin tout particulier est apporté aux environnements.

Le chœur des hommes

Les deux personnages principaux, endurcis par la force des événements du premier opus, ont déjà bien grandi et le gameplay a évolué avec eux : aux phases d’infiltration et aux énigmes d’Innocence se sont ajoutées des séquences plus orientées vers l’action, avec des courses-poursuites souvent spectaculaires dans leur mise en scène et des combats plus frontaux. Si Amicia dispose encore d’une fronde qu’elle semblait à chaque fois sortir en dernier recours dans Innocence, elle rechigne désormais beaucoup moins à tuer les soldats qui cherchent à se placer entre elle et son frère – qui, de son côté, dispose de pouvoirs toujours plus impressionnants.

A Plague Tale : Requiem se divise en deux parties bien distinctes. La première reprend directement les mécaniques du premier épisode, au point de laisser penser au joueur que le titre ne se démarquera jamais vraiment de son prédécesseur. Au cours de ces premiers chapitres, Amicia semble tout autant lassée que le joueur de devoir se cantonner à ce type de quêtes. Jusqu’à ce que le récit acquière une nouvelle dimension, se muant en une aventure héroïque, avant de verser dans l’horreur païenne. Le jeu se permet alors de grandes envolées narratives et musicales (la bande originale s’alignant parfaitement avec la structure bien marquée du jeu, laissant place aux voix du Chœur de chambre philharmonique estonien), quand des tableaux macabres se substituent aux paysages ensoleillés de La Cuna.

Les décors provençaux ont succédé à la Guyenne, où se déroulait l’action du premier opus.

Les rats, aussi menaçants que dans le premier épisode, sont ici plus agressifs et beaucoup plus nombreux : les possibilités offertes par les consoles actuelles ont en effet permis au studio de faire bondir le nombre de rongeurs affichés à l’écran de 5 000 à 300 000, créant des scènes absolument terrifiantes. L’intelligence artificielle dont ils dépendent semble plus poussée que celle des ennemis humains qu’Amicia croise sur sa route (souvent enclins à s’exclamer « Ah, tiens, j’ai dû rêver » lorsqu’elle se carapate dans de hautes herbes après avoir été repérée).

C’est l’amour à la Plague

Contrairement au premier opus, qui était très dirigiste, Requiem laisse de la place à la créativité du joueur : la plupart des niveaux proposent une approche plus ouverte, puisque l’on peut s’en sortir parfois en se faisant le plus discret possible comme en faisant un carnage sur son passage. Une souplesse qui n’occulte pas la frustration ressentie lorsque le jeu propose une énigme n’ayant qu’une seule solution, malgré les nombreux outils mis à la disposition du joueur, ou lors de phases de combat qui se révèlent parfois très lourdes dans leurs contrôles.

Certaines scènes d’action sont spectaculaires.

Par amour pour son frère, Amicia ne cesse de commettre des actes irréfléchis, sans jamais avoir le luxe de prendre le temps de se questionner. Avec son rythme soutenu, Requiem ne laisse pas non plus au joueur le temps de s’ennuyer, alternant constamment l’action, l’exploration et l’infiltration. Dès que point la plus petite once de lassitude, le jeu propose un nouveau personnage pour seconder Amicia, une nouvelle arme à son arsenal ou une nouvelle menace à fuir. C’est seulement lorsque survient le générique de fin, après une grosse quinzaine d’heures, que l’on peut enfin s’autoriser à souffler et digérer ce que l’on vient de voir : une suite qui reprend tout ce qui faisait le charme de l’épisode précédent en insufflant ce qu’il faut de nouveauté. Les scènes finales, de celles qui ont le potentiel de longuement marquer une vie de joueur, font vite oublier toutes les petites maladresses du titre.

L’avis de Pixels :

On a aimé :

  • l’histoire, toujours aussi émouvante et prenante ;
  • la deuxième partie du jeu, qui amène un souffle tout nouveau à l’aventure ;
  • le rythme soutenu, qui laisse peu de place à l’ennui ;
  • les environnements époustouflants de beauté.

On a moins aimé :

  • la dimension « action », moins maîtrisée ;
  • les contrôles très patauds lors des séquences de combat ;
  • les moments où le jeu redevient un peu trop dirigiste.

C’est plutôt pour vous, si :

  • vous avez aimé le premier épisode et êtes déjà lourdement investis dans la relation entre Amicia et son frère ;
  • vous aimez les jeux narratifs, dont le gameplay sert systématiquement l’histoire.

Ce n’est plutôt pas pour vous, si :

  • vous avez été attiré par les décors ensoleillés de la bande-annonce du jeu et espérez vous faire une petite promenade de santé en Provence ;
  • vous êtes terrifié par les rats.

La note de Pixels :

250 000 rats sur 300 000.



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