« Uber considère les travailleurs comme un bricolage temporaire en attendant l’arrivée des voitures autonomes »

« Uber considère les travailleurs comme un bricolage temporaire en attendant l’arrivée des voitures autonomes »


Depuis que la Cour de cassation a reconnu le premier contrat de travail entre un chauffeur de VTC [véhicule de transport avec chauffeur] et Uber le 4 mars 2020, le sujet du dialogue social revient souvent dans la stratégie de communication de la plate-forme numérique, jusqu’alors peu ouverte au débat.

La participation de certains de ses dirigeants à des conférences-débats aux côtés de représentants de chauffeurs et de livreurs, d’acteurs politiques et de chercheurs, et même de plates-formes coopératives (alternatives aux plates-formes capitalistiques), montre à quel point les résistances des travailleurs « ubérisés », les tentatives juridiques de réglementation et les critiques des médias ont pu renverser le rapport de force.

Maintenir le statut d’indépendant

Les premières élections des représentants des travailleurs des plates-formes se sont tenues du 9 au 16 mai sous l’égide de l’Autorité des relations sociales des plates-formes d’emploi (Arpe). Or, le taux très faible de participation (1,83 % pour les livreurs, et 3,91 % pour les chauffeurs) souligne la difficulté d’établir un processus de négociations entre deux parties dont la communication a toujours été inexistante.

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Uber et les autres plates-formes placent de grands espoirs dans ce dispositif de dialogue social. La multiplication des condamnations contre ces entreprises pour travail dissimulé, pratique illégale, concurrence déloyale et salariat déguisé risque en effet de tuer leur modèle économique.

L’objectif du dialogue social est donc pour Uber de maintenir le statut d’indépendant pour ses travailleurs, un point qu’Elisabeth Borne, lorsqu’elle était ministre du travail, avait déjà admis d’avance le 9 mai dans un communiqué de presse : « Avec l’organisation de ces élections, notre ambition est claire : que le dialogue se développe entre les représentants des travailleurs et ceux des plates-formes, pour leur permettre de bénéficier de nouveaux droits et d’exercer leur activité dans de meilleures conditions, tout en respectant le statut d’indépendant auquel la plupart d’entre eux est attachée. »

En contrepartie, Uber pourrait s’accorder avec les travailleurs et les autorités sur plus de transparence sur l’utilisation des algorithmes et l’inclusion des représentants élus dans certaines de ses décisions organisationnelles, comme le suggérait le projet de directive européenne sur la protection des travailleurs des plates-formes, dont le contenu devrait par ailleurs être tranché au Parlement européen et au conseil des ministres européens du travail en décembre.

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