« Une réglementation mondiale de l’intelligence artificielle, coécrite par les acteurs de la technologie et les Etats, doit voir le jour »

« Une réglementation mondiale de l’intelligence artificielle, coécrite par les acteurs de la technologie et les Etats, doit voir le jour »


A quoi jouent-ils ? Depuis trois mois, certains experts de l’intelligence artificielle (IA) multiplient les sorties anxiogènes. En mars, Elon Musk et une centaine d’experts appelaient à un « moratoire » sur le développement des IA génératives au motif que « nous n’avons pas la certitude que leurs effets sont positifs et leurs risques gérables ».

Il y a quelques jours, trois cent cinquante experts, dont Sam Altman et Demis Hassabis, dirigeant de Google DeepMind, ont publié une lettre ouverte condensée en vingt-neuf mots : « Limiter le risque d’extinction lié à l’intelligence artificielle devrait être une priorité mondiale, au côté d’autres risques à l’échelle de la société, dont les pandémies et la guerre nucléaire. » Une formule choc cousue main pour polariser l’attention et marquer les esprits.

Certes, les bonds réalisés par l’intelligence artificielle ébranlent certains fondements de nos sociétés libérales. A commencer par le rapport à la vérité et à l’authentique. Toutefois, nous ne parviendrons pas à protéger notre socle de valeurs en agitant des peurs. Au mieux, nous réussirons à donner vie à une forme nouvelle de luddisme – ce mouvement social anglais du XIXe siècle, composé de tisserands, artisans et ouvriers de l’industrie textile qui brisaient les premières machines à tisser industrielles dans les Midlands.

Au lieu de se comporter comme des boutefeux, les acteurs de la tech devraient plutôt orienter leur énergie vers trois fronts : accompagner les entreprises, rassurer les citoyens et soutenir les pouvoirs publics.

Un impératif de protection

Le brouhaha autour des intelligences artificielles génératives opère comme un leurre. Dans les faits, les dirigeants sont encore aux prises avec l’IA « traditionnelle ». Une étude menée par l’institut OpinionWay publiée en mai révèle que seules 41 % des entreprises françaises de taille intermédiaire ont recours à l’IA.

Un chiffre étonnamment bas, que les patrons concernés expliquaient principalement par le manque de compétences en interne, l’absence de consensus et les risques relatifs à la confidentialité des données. Soit deux obstacles sur trois relevant de la confiance. Une confiance que les saillies catastrophistes de ces dernières semaines ne rétabliront pas. Or, ne nous y trompons pas : il ne pourra y avoir d’acceptation de l’intelligence artificielle générative sans adoption généralisée de l’intelligence artificielle.

Les citoyens, pour leur part, évoluent en pleine dystopie. Les nouveaux modèles d’intelligence artificielle s’apprêteraient à supprimer leur emploi (300 millions, selon un rapport de Goldman Sachs), voire à provoquer une extinction de l’humanité, dixit la lettre ouverte des trois cent cinquante experts.

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