La Cour suprême des Etats-Unis donne tort à la fondation Warhol dans un dossier majeur pour l’art

La Cour suprême des Etats-Unis donne tort à la fondation Warhol dans un dossier majeur pour l’art


Le conflit était devant la justice depuis sept ans et soulevait de sérieuses questions autour de l’emprunt dans l’art et ses éventuelles retombées en matière de droits d’auteur. A une majorité de sept juges sur neuf, la Cour suprême des Etats-Unis a jugé, jeudi 18 mai, que la photographe Lynn Goldsmith aurait dû percevoir des droits d’auteur quand le portrait du musicien Prince, réalisé par Andy Warhol en s’appuyant sur l’une de ses images, a été reproduit en couverture d’un magazine.

La Fondation Warhol, qui gère la postérité de l’artiste, avait plaidé que les interventions d’Andy Warhol sur la photo de Lynn Goldsmith étaient suffisamment « substantielles » pour ne payer aucun droit à la photographe. La Cour suprême lui a donné tort. « Les œuvres originales de Lynn Goldsmith, comme celles de tous les photographes, bénéficient de la protection de leurs droits d’auteur, même contre des artistes célèbres », a estimé la juge Sonia Sotomayor.

« Ces protections couvrent les œuvres dérivées qui transforment les œuvres originales », sauf quand la première est suffisamment différente de la seconde, ajoute-t-elle. Or, dans le portrait de Prince en question, « Goldsmith et la fondation Warhol ont fait le même usage commercial de son image », tranche-t-elle, dans une décision redoutée par le monde de l’art.

Car plusieurs acteurs culturels de premier plan, dont neuf des principaux musées du pays, avaient argué auprès de la Cour suprême que l’emprunt est un ressort créatif depuis des siècles et qu’une décision favorable à la photographe pourrait remettre en question la paternité artistique de très nombreuses œuvres.

Une intense bataille judiciaire

Le dossier au cœur de cet arrêt trouve sa source en 1981. Lynn Goldsmith, une photographe réputée pour avoir immortalisé de nombreuses stars du rock, propose à l’hebdomadaire Newsweek de faire le portrait d’un musicien qui commence à percer : Prince. Elle réalise plusieurs clichés en noir et blanc du jeune homme aux traits fins.

En 1984, l’album Purple Rain le propulse au rang de star. Le magazine Vanity Fair veut lui consacrer un article et demande à Andy Warhol de réaliser son portrait dans le style de ses célèbres gravures colorées de Marilyn Monroe ou Mao.

Contre 400 dollars, Lynn Goldsmith autorise le magazine à utiliser l’une de ses photos pour l’usage exclusif de cet article. Intitulé « Purple Fame », le texte est accompagné du visage de Prince, la peau violette et le cheveu de jais, sur un fond orange vif.

L’histoire en serait restée là si Andy Warhol n’avait pas décliné cette photo sur tous les tons pour créer une série de seize portraits du musicien, qu’il admirait pour son talent et son style androgyne. Lynn Goldsmith a découvert leur existence en 2016 à la mort de Prince, quand Vanity Fair a publié en « une » une image du Kid de Minneapolis tirée de sa photo, mais tout orange cette fois. Elle a alors pris contact avec la fondation Andy Warhol, qui gère la collection de l’artiste depuis sa mort en 1987, pour réclamer des droits. Celle-ci a refusé, ouvrant la porte à une intense bataille judiciaire qui vient de connaître son dénouement.

Le Monde avec AFP



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