La téléportation virtuelle au bloc opératoire pour partager ses connaissances

La téléportation virtuelle au bloc opératoire pour partager ses connaissances


« Il faut environ quinze ans pour former un chirurgien cardiaque. Si bien que je n’en aurai pas formé beaucoup, une dizaine, au cours de ma carrière. » Un constat en forme de regret de la part de Patrick Nataf, chef de service de chirurgie cardiaque à l’hôpital Bichat (AP-HP). Un constat, mais pas une fatalité.

A côté de son activité au bloc opératoire, le chirurgien, par ailleurs vice-président Innovation pédagogique de l’université Paris Cité, a créé un centre de recherche en technologie immersive pour la santé et travaille sur deux types d’applications : la réalité mixte et la téléportation virtuelle.

Au sein du laboratoire de recherche vasculaire translationnelle associé à l’Inserm dirigé par Didier Letourneur, Patrick Nataf développe un projet de formation pour les internes en chirurgie et le personnel de bloc opératoire, et de télé-expertise grâce au consortium Labcom Lynx (AP-HP, université Paris Cité, Inserm, Agence nationale de la recherche et Lynx Mixed Reality, une start-up française qui travaille sur le casque mêlant réalité virtuelle et réalité augmentée).

Dans les universités, la réalité virtuelle et les technologies immersives existent déjà pour former les futurs médecins et chirurgiens. Patrick Nataf, lui, a imaginé le bloc opératoire du futur. Un univers qui associe le monde physique au monde numérique. « L’idée est de transposer une salle d’opération dans un casque de réalité mixte et d’y intégrer des éléments numériques dans notre champ de vision réel », explique-t-il. Un cœur, un scanner, des éléments d’imagerie médicale… « Le potentiel est énorme, nous n’aurons plus besoin de moniteurs. On aura les images devant les yeux. »

Il veut aller encore plus loin en téléportant les chirurgiens de bloc en bloc, en France ou à l’étranger. Nous en avons fait l’expérience. Rendez-vous est pris un jour de janvier à l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris. Mais pas question d’aller dans l’un des multiples blocs opératoires situés au sous-sol. Direction une ancienne laverie de l’hôpital refaite à neuf. Au centre trône une capsule. A l’intérieur de cette minigéode, dans laquelle plusieurs personnes peuvent entrer, un bloc opératoire a été reproduit, un mannequin dont la cage thoracique laisse entrevoir un cœur est installé sur une table d’opération, sur une autre table des instruments de chirurgie, et tout autour des écrans qui permettront de s’immerger dans un bloc opératoire réel filmé à 360 degrés.

« Guider quelqu’un par le geste »

Pour y entrer, nul besoin d’enfiler des vêtements stériles pour éviter les contaminations, d’ôter ses bijoux, de recouvrir ses cheveux d’une charlotte ou de se laver les mains. Une fois un casque virtuel bien installé sur mes yeux, c’est avec Hugo Lafontaine, vice-président de la division médicale chez Auger Group Conseil, la société qui développe l’application qui permet de faire de la téléportation, que je vais discuter. Il est à Montréal, à plus de 5 000 kilomètres de Paris. En réalité, ce sont nos avatars qui discutent entre eux. « Avec la téléportation, on peut se “promener” de bloc en bloc, d’un pays à l’autre, sans avoir à demander d’autorisation à l’établissement », m’explique-t-il. Pour apprendre une technique particulière, partager ses connaissances, il ne serait donc plus nécessaire de prendre l’avion, de regarder opérer le chirurgien expert d’une technique, il suffirait d’être en direct devant l’opération pour interagir avec l’équipe au bloc.

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