OnlyFans, Mym… Ces plates-formes où des jeunes font commerce de leur vie sexuelle

OnlyFans, Mym… Ces plates-formes où des jeunes font commerce de leur vie sexuelle


Bonnie est son pseudo. Elle a 19 ans, deux vies, et deux numéros de téléphone. Le premier est communiqué à sa famille ou à ses camarades, inscrits comme elle en double licence lettres et informatique, à Paris. Le second est réservé à ses clients, qu’elle rencontre sur le réseau social Mym, où elle se présente comme « petite étudiante sexy ». « J’aime être choyée. Vends nudes, vocaux, vidéos, sexting… », indique-t-elle dans sa « bio ».

Créé en 2019 à Lyon, Mym, réseau social acronyme de « Me. You. More », recense 9 millions d’utilisateurs et draine une réputation sulfureuse, à l’instar de son équivalent britannique, OnlyFans, également présent en France. Lancé en 2016, ce dernier revendique plus de 200 millions d’utilisateurs. Ces plates-formes, dont le nombre d’utilisateurs ne cesse de croître, permettent à des créateurs de contenus (images, vidéos…) de générer des revenus directs par le biais de leurs abonnés, qui paient pour accéder à leur compte. L’abonnement à un compte est facturé entre 5 et 50 euros par mois sur OnlyFans, qui prélève 20 % de commission sur toutes les transactions. Alors qu’elles ne sont pas uniquement consacrées au sexe, OnlyFans ou Mym regorgent de contenus érotiques et pornographiques payants.

« Je ne rends de compte à personne »

Bonnie a commencé à vendre des photos érotiques sur Mym en janvier 2021. « On était confinés, je ne trouvais pas de boulot étudiant, mes parents m’aident juste pour mon loyer, je devais me débrouiller pour le reste… » L’étudiante parisienne avait découvert l’existence de ce site au hasard d’une conversation sur Instagram. « J’ai tout de suite accroché. Ce que j’aime bien, c’est que je suis ma propre patronne, je ne rends de compte à personne », déroule la jeune femme. Bonnie vend chaque vidéo entre 60 et 75 euros, et ses photos entre 5 et 10 euros. Sur Mym, elle gagne entre 70 et 200 euros par mois. « Ces plates-formes sont souvent critiquées, car elles banalisent le recours au travail du sexe. Pour moi, leur popularité s’explique par la hausse du coût de la vie, notamment pour les étudiants. Contrairement aux jobs traditionnels, ces réseaux sociaux offrent une grande flexibilité en termes d’horaires. Et niveau pénibilité du travail, je trouve que c’est moins dur que les métiers de la restauration », assume Bonnie.

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Une fois abonnés à un compte, les utilisateurs (les « fans ») peuvent engager des conversations et faire des demandes de contenus personnalisés aux créateurs, qui peuvent accepter en proposant un prix. « Ce qui rapporte de l’argent aux créateurs, ce ne sont pas les abonnements, mais les demandes customisées », précise Claire Ferrero, consultante en sexualité, qui anime sa chaîne d’éducation à la sexualité sur Twitch. Elle raconte qu’à l’origine, OnlyFans a été investi par les acteurs de l’industrie du porno, qui y voyaient un moyen de gagner de l’argent en parallèle des tournages : « Les performeurs y ont pu dicter leurs propres conditions de travail et avoir plus d’autonomie financière. Depuis 2020, la communauté a évolué. OnlyFans a été cité dans une chanson de Beyoncé, et la plate-forme a élargi son public, notamment pendant les confinements. »

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