Pour trouver de la vie sur Mars, il faudra creuser profond

l'ESA interrompt définitivement sa collaboration avec le russe Roscosmos


En supposant que Mars a bien connu une phase où l’eau liquide a pu demeurer à sa surface durant une période suffisamment longue, ce que les prélèvements d’échantillons de sol en cours par Persevance montreront peut-être lorsqu’ils seront ramenés sur Terre pour analyse, la vie, au moins telle que nous l’appréhendons, a pu commencer à se développer sur la planète rouge.

Et si la surface de Mars est devenue inhospitalière en perdant une bonne partie de son atmosphère et son bouclier magnétique, il reste possible qu’elle puisse toujours exister ici ou là. Encore faudra-t-il pouvoir la détecter.

Une étude menée à bord de la Station spatiale internationale (ISS) et publiée dans Science Advances a tenté de savoir si des biomarqueurs, ou molécules pouvant signer l’existence passée ou présente d’une forme de vie, étaient capables de résister dans l’environnement martien, à la fois pour savoir où et quoi chercher.

Les rovers Curiosity et Perseverance disposent de spectromètres Raman capables de détecter des molécules biologiques mais la dégradation de ces composants en environnement hostile rend leur détection très problématique.

Les marqueurs biologiques peuvent-ils survivre ?

L’expérimentation dirigée par Mickael Baqué à bord de l’ISS a porté sur l’observation de sept biomolécules placées pendant 469 jours dans un environnement simulant l’atmosphère martienne et reproduisant température, cycles de jour et de nuit et radiations ionisantes.

Les molécules sont celles trouvées dans divers organismes vivants (animaux ou végétaux) : beta-carotène, chlorophylline, naringénine, quercétine, mélanine, cellulose et chitine, tous détectables par spectroscopie Raman.

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L’expérience a montré qu’au bout de la période, seuls trois de ces composants étaient encore détectables (chlorophylline, quercétine et mélanine) et avec un signal affaibli de 30 à 50%.

Assez logiquement, les rayonnements UV tels que reçus à la surface de Mars ont fortement dégradé la structure des biomolécules, ne les rendant plus détectables avec l’instrument.

Toutefois, les molécules restaient détectables lorsqu’elles avaient été placées sous plusieurs couches de régolithe, telle qu’on la trouve sur Mars, où elles ont été alors protégées des UV.

De la vie en profondeur ?

L’étude confirme ainsi qu’il y a bien peu de chance de trouver des traces de vie, ce qui avait déjà été plus ou moins mis en évidence du fait de la nature de l’atmosphère, de la puissance des rayonnements UV et de la composition du sol martien, très oxydante et donc dégradant très vite les composés organiques.

Elle montre cependant que quelques centimètres de sédiments suffisent pour constituer un écran protecteur. Des rovers creusant le sol martien pourraient donc trouver ces fameuses traces de vie constituées des biomolécules détectables par spectrocopie Raman.

mars 2030

La colonisation de Mars, ce n’est pas pour tout de suite

Ce qui tombe bien puisque le rover européen Rosalin Franklin de la mission ExoMars portée par l’ESA (Agence spatiale européenne) disposera d’un outil de forage capable de creuser jusqu’à 2 mètres dans le sol de la Planète rouge.

La mauvaise nouvelle reste que le projet avait été conçu en collaboration avec l’agence spatiale russe Roscosmos. Avec le conflit en Ukraine, les liens se sont distendus puis interrompus, reportant une nouvelle fois la mission ExoMars à 2028 au mieux.

Y aurait-il encore de la vie non pas sur mais sous la surface de Mars, cela reste à démontrer mais ce n’est pas totalement exclu. Toutefois, à moins que cette dernière puisse régénérer régulièrement le stock de biomolécules, la spectroscopie Raman n’est peut-être finalement pas comme on le pensait l’outil le plus adapté pour détecter l’existence du premier martien, quel qu’il soit.

Le rover américain Perseverance creuse déjà des carottes dans le sol martien pour des échantillons qui seront collectés et ramenés sur Terre dans quelques années. Ils pourraient bien encore contenir ces biomarqueurs, s’ils existent.



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